L'ERMITAGE ET LES GORGES DE GALAMUS

 

Situées à la frontière du département de l'Aude et du département des Pyrénées-Orientales, les gorges de Galamus relient les communes de Cubières-sur-Cinoble au nord dans l'Aude, et Saint-Paul-de-Fenouillet au sud dans les Pyrénées-Orientales.

Longues d'environ 4 km, elles sont orientées suivant l'axe nord-sud.

Elles ont été creusées par l'Agly, «rivière des Aigles», dans le chaînon nord du synclinal du Fenouillèdes.

C’est un petit fleuve côtier venu du Pech de Bugarach au pied duquel il prend source, environ 10 km en amont des gorges de Galamus.

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Les gorges de Galamus sont une des curiosités naturelles remarquables des Pyrénées. Mais les gorges et le cirque de Galamus se sont inscrits dans la tradition locale bien avant que le tourisme s'en mêle. Pour les gens du village c'était, au bout d'un sentier escarpé, un lieu-dit avec un vallon boisé entouré de rochers, avec une flore riche et diversifiée.
 
Un sentier botanique, qui présente une quinzaine d'espèces locales, a été implanté par l'association sur le sentier qui mène des parkings à l'ermitage: un dépliant gratuit est à disposition à la boutique du parking du belvédère, à l'ermitage, ainsi qu'à l'office du tourisme.
 
Depuis les fondateurs de la botanique méditerranéenne de la fin du xviiie siècle, la combe de Galamus a été une station botanique des plus réputées - entre autres l’abbé Pourret y a collecté des échantillons pour son Histoire générale de la famille des cistes (1783). Elle a aussi attiré géologues, ornithologues et entomologistes.

Mais longtemps avant que ces deux derniers siècles fassent du lieu un endroit pour naturalistes et touristes, il y avait deux pèlerinages par an : le lundi de Pâques et celui de Pentecôte. La première trace écrite du sanctuaire date de 1474. En 1775, l'ermite du temps visite Rome et reçoit pour l'autel de Galamus une dizaine de reliques et le privilège de la dévotion Via crucis. Le saint est aussi invoqué lors de calamités, comme la sécheresse de 1733 qui amène une procession des pénitents blancs de Quillan, ou la paroisse de Saint-Paul qui processionne contre la suette miliaire en 1782.

L'ermite veille sur le lieu - lui qui est aussi, d'une autre façon, le veilleur de la vie secrète, sauvage et parfois participe des mystères interdits. Bien d'église, le sanctuaire est vendu comme bien national pendant la Révolution et acheté par un habitant de Saint-Paul ; à sa mort, les héritiers gardent les terres arrosables et donnent l'ermitage au Bureau de bienfaisance. Puis l'ermitage devient la propriété de la municipalité.L’ermitage de Galamus                              Père PALAU Y QUER (ermite à Galamus)1843 : les ermites reviennent à Galamus - Marie-Joseph CHIRON : Père MARIE (en religion)Règles de vie des ermites de GalamusFrère JEAN : le dernier ermite de Galamus.
 
Les gorges étaient infranchissables jusque dans les années 1890 au cours desquelles la route a été creusée à la barre à mine par des hommes attachés à des cordes.Le quatrain en occitan, de Léonce Rives, a été gravé à l'entrée du tunnel ouvrant les gorges en 1892 :« Dins aquel roc pelat que trauco la sabinoOun l'aglo dins soun bol gausabo soul beniPenjat per un courdel ambe la barrominoL'home coumo l'ausel a troubat un cami »Qui veut dire :« Dans ce roc pelé que troue la sabineOù l'aigle dans son vol osait seul venirPendu par une corde avec la barre à mineL'homme comme l'oiseau a trouvé un chemin »La sabine est un genévrier (ici de Phénicie) :  le Juniperus Phoenicea ; qui est collectivement associé au site de Galamus sur 20 km à la ronde - même si il pousse ailleurs aussi.travaux (2).jpg
 

Outre la Sabine, on peut observer plusieurs espèces protégées : orchidées, cyclamen des Baléares ...  parmi les chênes verts, cystes, arbousiers, genets, pistachiers, … de la garigue.
 
On peut aussi y voir voler des aigles royaux (bien sûr), des circaètes, des merles bleus, des hirondelles de rochers, des hiboux grand duc, …, et des vautours depuis leur réintroduction à Bugarach ; et le soir, des chauves-souris.Inventaire ZNIEFF
L'Agly, qui coule au fond des gorges de Galamus dans le sens nord-sud  a creusé cette entaille profonde de plusieurs dizaines de mètres dans la roche. Cette même rivière a creusé au sud de Saint-Paul-de-Fenouillet la clue de la Fou, une cluse dans le chaînon sud du synclinal du Fenouillèdes, autre barrière calcaire.Noter que le creusement originel des gorges de Galamus a commencé dans le sens sud-nord ; témoins la présence dans cette vallée de galets cristallins provenant du massif de l'Agly plus au sud ; cette inversion indique que le massif a basculé tardivement vers le sud.Les rapides et leurs tourbillons créés par la forte pente font éroder les galets allochtones par leurs propres sables abrasifs ; ils suppriment les éboulis, créent des marmites de géant et des terrasses rocheuses. La zone de l'ermitage à Galamus inclut (comme à Pierre-Lys - gorges de l’Aude à 20 km) des terrasses rocheuses et ne montre pas de dépôts de pente ; ces deux caractéristiques sont dues à l'eau sapant la base des parois, ce qui crée un surplomb 2 ou 3 m au-dessus de la rivière. Dans ce contexte, aucune chronologie ne peut être rattachée à ces terrasses rocheuses discontinues (que l'on retrouve aussi dans le défilé de Saint-Georges - gorges de l’Aude).Éboulis et alluvions sont rares dans les gorges de Galamus, surtout dans leur partie supérieure au nord. Les strates géologiques étant très redressées, le lit de la rivière est marqué par de nombreux ressauts, qui engendrent des remous et des dépôts de tufs sous forme de grands gours situés à la crête des barres, ou de demi-dômes déposés en contrebas de celles-ci. Ces tufs semblent s'être mis en place uniquement dans le lit d'étiage de la rivière, ce qui indique presque certainement un phénomène récent (une tendance également indiquée par les fortes teneurs en Na et So4). Par opposition, les épaisses couches de tuf que l'on trouve en aval sont dues à la source de la Tirounère (au pied des gorges de Galamus). Les gorges se trouvent dans la zone nord-pyrénéenne (qui longe le nord des Pyrénées), avec le front du chevauchement frontal nord-pyrénéen passant à l'extrémité nord des gorges.Ce front de chevauchement borde par le nord le chaînon nord du synclinal du Fenouillèdes; ce synclinal a déformé les couches de calcaires massifs (déposés au Jurassique, ~ 200 à 145 millions d’années et au Crétacé , ~ 145 à 66 millions d’années), par plissement lors de la surrection des Pyrénées il y a environ 55 millions d’années (Éocène moyen - supérieur, ~ 40 à 34 millions d’années).Les gorges de Galamus sont presque entièrement situées dans ces terrains du Jurassique, avec quelques zones datant du tout début du Crétacé : l'Agly recoupe des strates de calcaires massifs allant du Lias (ou Jurassique inférieur) à l'Aptien inclus (avant-dernier étage du Crétacé inférieur).Les formes originales des grottesavensgorgeslapiaz ont été rendues plus tourmentées par les plissements provoqués par la formation des Pyrénées. Cet endroit contient du tuf calcaire, formé par des sources d'eau froide (alors que le travertin se forme dans des eaux chaudes). Il y avait une carrière de tuf près de la source de la Tirounère.Les gorges sont découpées dans un relief karstique dû à l'action de l'eau s'infiltrant dans des roches calcaires. La karstification du massif a commencé pendant le Néogène (23 à 2,5 millions d’années), dans la surface aplanie lors de l'Éogène (66 à 23 millions d’années).L'activité hydrologique du massif Fanges - roc Paradet est intense sous sa surface : sous terre, l'Agly continue à creuser son lit d’ouest en est : la circulation de l'eau souterraine est perpendiculaire aux cours de l'Agly et de l'Aude. La source de la Tirounère, à l'extrémité sud des gorges, est une résurgence de cette eau profonde ; elle a un débit moyen estimé à 300 l/s et des crues estimées à 1 m3/s et rainerait l'ensemble du système hydraulique Fanges-Roc de Paradet ; elle est un indice thermal de circulations profondes. Elle fournit l'eau au village de Saint-Paul. Son eau est bicarbonatée calcique et magnésienne, avec une minéralisation de 0,5 g/l ; elle a une teneur en sulfate élevée : 160 mg/l. Lors de fortes pluies, des cascades à pression émergent des gorges de Galamus (ainsi que des falaises du Pech de Bugarach et des pentes de Peyrepertuse et de Quéribus).Présentation spéléologique du massif des Fanges et du chaînon du Roc Paradet:Deux canyons des Corbières méridionales : Pierre Lys et Galamus
Croquis de l'aven de la Tirounère réalisé par Robert De Joly,  président de la Société spéléologique de France (SSF), inventeur entre autres des échelles souples métalliques utilisées en spéléo:cet aven a permis d'accéder au lac souterrain où est pompée l'eau qui alimente Saint Paul.

 

En 1989, le film « Chine, ma douleur » est tourné essentiellement dans l'ermitage Saint-Antoine de Galamus, à l'exception de quelques scènes filmées en studio.
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Aujourd’hui, le site est aussi fréquenté par les amateurs d’activités de pleine nature : randonnées sur les nombreux sentiers entourant les gorges, spéléo dans les grottes des falaises, et canyoning dans la rivière.
 
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L'ermitage est classé depuis 1927, ainsi que environ 25 ha à son alentour.

Les gorges de Galamus sont incluses dans le «site du pech de Bugarach et de la crête nord du synclinal du Fenouillèdes», site classé depuis le 14 février 2017 et incluant les territoires des communes de BugarachCamps-sur-l'AglyCubières-sur-CinobleCucugnanDuilhac-sous-PeyrepertusePadernPaziolsRouffiac-des-CorbièresSaint-Louis-et-ParahouSoulatgé (Aude), 

Caudiès-de-FenouillèdesMauryPrugnanesSaint-Paul-de-Fenouillet et Tautavel (Pyrénées-Orientales).